Trois types d'arthrose du genou
Il existe trois types de gonarthrose selon sa localisation :
- entre le fémur et le tibia (arthrose fémoro-tibiale interne ou externe) ;
- entre le fémur et la patella (arthrose fémoro-patellaire) ;
- entre le fémur, le tibia et la patella (arthrose globale ou tri-compartimentale).
La gonarthrose peut concerner un, deux ou trois compartiments parmi les suivants :
- compartiment fémoro-tibial interne,
- compartiment fémoro-tibial externe, et
- compartiment fémoro-patellaire (3).
Dans le cas où l’on observe une déviation axiale du genou dans le plan frontal (genu varum ou genu valgum), la pression exercée par le poids du corps ne se répartit pas d'une manière homogène au niveau de l'articulation du genou (3, 7). Certaines parties des surfaces articulaires frottent plus que les autres et le cartilage s'use et se dégrade.
La prévalence de la gonarthrose aurait doublé depuis le milieu du XXième siècle (4), avec une prévalence qui peut atteindre 15% en France chez les femmes âgées de 70 à 75 ans (5).
La gonarthrose femoro-tibiale
Qu'est-ce que la gonarthrose femoro-tibiale ?
La gonarthrose fémoro-tibiale correspond à une atteinte de l’articulation du genou au niveau du compartiment fémoro-tibial interne et/ou du compartiment fémoro-tibial externe.
La douleur est volontiers localisée à la face interne ou externe du genou selon le compartiment touché, mais peut aussi être diffuse. Elle survient surtout à la marche et au changement de position (1).
Les caractéristiques de l’atteinte fémoro-tibiale (6)
- Existence ou non d’une déformation mécanique du membre inférieur : genu varum ou genu valgum.
- Présence d’une laxité frontale associée à l’atteinte articulaire (laxité externe en cas de genu varum ou interne pour un genu valgum).
- Conservation de la mobilité articulaire ou enraidissement du genou, et tout particulièrement flexum invalidant (le plus souvent dès 10°).
Le genu varum se définit comme une déviation axiale du genou dans le plan frontal. La position du genou est alors en varus, le compartiment fémoro-tibial interne devient trop chargé alors que l'externe est déchargé. Il en résulte une dégradation cartilagineuse puis osseuse du compartiment fémoro-tibial interne qui augmente à son tour l'importance du varus (7).
Contrairement au genu varum, dans le cas du genu valgum, la position du genou est en valgus, le compartiment fémoro-tibial externe devient trop chargé alors que l'interne est déchargé (6). Il en résulte une dégradation cartilagineuse puis osseuse du compartiment fémoro-tibial externe qui augmente à son tour l'importance du valgus.
La gonarthrose femoro-patellaire
Qu'est-ce que la gonarthrose femoro-patellaire ?
Elle correspond à l’arthrose entre le fémur et la patella. La perte de substance cartilagineuse peut intéresser de manière préférentielle la surface rotulienne externe, interne, ou toutes les surfaces articulaires (2, 8).
La gonarthrose fémoro-patellaire n’est pas rare et peut être observée chez environ 24% de la population âgée de plus de 40 ans (9).
La douleur est le principal motif de consultation
Elle siège à la face antérieure du genou. Elle apparaît surtout lorsque les surfaces articulaires sont au contact : descente des escaliers, station assise prolongée, agenouillement, marche en terrain irrégulier. Elle peut s’accompagner d’épisodes de dérobement du membre inférieur, lié à une douleur vive ou à un déficit musculaire quadricipital (1, 2).
Quel est le traitement orthopédique adapté ?
Recommandations de l'OARSI
L'OARSI (Osteoarthritis Research Society International) recommande des programmes d'exercices avec appui au sol, et un programme de gestion du poids corporel si nécessaire, pour diminuer la contrainte qui pèse sur l’articulation lésée (14).
Recommandations de l'AAOS, du ACR et de l'EULAR
Les recommandations de l’AAOS (American Academy of Orthopedic Surgeons), du ACR (American College of Rheumatology) et de l’EULAR (European League Against Rheumatism) sont peu concluantes concernant la recommandation ou non d’orthèses (10, 13, 15).
En revanche, L’EULAR préconise l’utilisation de chaussures appropriées pour les personnes présentant de l’arthrose du genou. Les chaussures pourraient aider en absorbant les chocs ou en limitant la pronation du pied (15).
Recommandations du NICE et de PANLAR
Les recommandations NICE (National Institute for health and Care Excellence) et de PANLAR (Pan-American League of Associations for Rheumatology), quant à elles, sont en faveur des orthèses et des semelles absorbant les chocs en conjonction avec d'autres modalités de traitement de base telles que l’exercice et la gestion du poids pour les personnes en surpoids (11, 12).
Ceci pourrait permettre de réduire la douleur et les raideurs occasionnées par l’arthrose et améliorer la fonctionnalité du genou. Les semelles combinées à une orthèse de genou diminueraient le valgus ou le varus du genou, ce qui permettrait de soulager la pression sur le compartiment douloureux.
Enfin, des revues systématiques soutiennent l'utilisation d'une orthèse pour le contrôle de la douleur et pour les altérations de la biomécanique de l'articulation du genou (16, 17, 18).
Références :
- Richette (2005). Arthrose. La Revue du praticien (Paris), 55 (17), 1933-1942.
- Dejour & Tavernier (2006). L’arthrose fémoro-patellaire. In: La gonarthrose. Springer, Paris. 37-52.
- Lagorce et al. (2016). Comprendre l’arthrose. Actualités Pharmaceutiques, 55(555), 18-22.
- Wallace et al. (2017). Knee osteoarthritis has doubled in prevalence since the mid-20th century. Proceedings of the National Academy of Sciences, 114(35), 9332-9336.
- Guillemin et al. (2011). Prevalence of symptomatic hip and knee osteoarthritis: a two-phase population-based survey. Osteoarthritis and cartilage, 19(11), 1314-1322.
- Allain (2007). Les indications chirurgicales dans la gonarthrose (prothèses tricompartimentales exclues). La Lettre du rhumatologue, (337).
- Mahraoui et al. (2015). La valgisation tibiale par addition d'ouverture interne avec comblement cimenté dans la gonarthrose fémorotibiale médiale sur 38 genu-varum. The Pan African Medical Journal, 20.
- Kim & Joo (2012). Patellofemoral osteoarthritis. Knee surgery & related research, 24(4), 193-200.
- Kobayashi et al. (2016). The prevalence of patellofemoral osteoarthritis: a systematic review and meta-analysis. Osteoarthritis and cartilage, 24(10), 1697-1707.
- Jevsevar (2013). Treatment of osteoarthritis of the knee: evidence-based guideline. JAAOS-Journal of the American Academy of Orthopaedic Surgeons, 21(9), 571-576.
- National Institute for health and Care Excellence, NICE (2014). “Osteoarthritis: care and management” | Guidance and guidelines |.
- Rillo et al. (2016). PANLAR consensus recommendations for the management in osteoarthritis of hand, hip, and knee. JCR: Journal of Clinical Rheumatology, 22(7), 345-354.
- Hochberg et al. (2012). American College of Rheumatology 2012 recommendations for the use of nonpharmacologic and pharmacologic therapies in osteoarthritis of the hand, hip, and knee. Arthritis care & research, 64(4), 465-474.
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- Fernandes et al. (2013). EULAR recommendations for the non-pharmacological core management of hip and knee osteoarthritis. Annals of the rheumatic diseases, 72(7), 1125-1135.
- Raja & Dewan (2011). Efficacy of knee braces and foot orthoses in conservative management of knee osteoarthritis: a systematic review. American journal of physical medicine & rehabilitation, 90(3), 247-262.
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